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Des finances saines, vraiment?

 

Le programme du maire sortant affiche une grande satisfaction sur la « gestion rigoureuse » et la « rationalisation des dépenses et des investissements » qui caractériseraient son action, sur le plan financier, depuis 2008. Malheureusement, la réalité est assez différente.

 

 

Pour s’y retrouver, dans la mesure où bien peu d’informations précises sont fournies aux habitants, il faut d’abord évoquer une pratique budgétaire très particulière, dont peu de nos concitoyens sont avertis.

D’une part, Verrières est très endettée (la dette a augmenté de moitié depuis 2000), du fait en particulier du coût astronomique du nouvel Hôtel de Ville, que nous continuons de rembourser à hauteur d’environ 140 euros par habitant et par an. Certes, le mal est fait et nul ne détruira cet immeuble aussi démesuré que peu pratique : mais ce n’est pas une raison pour oublier le poids qu’il continue de faire peser sur nos finances…

Dans le même temps, l’équipe en place a constitué discrètement une « cagnotte », afin de masquer cette réalité et de pouvoir engager de nouveaux travaux, en vue des élections : plus de 6 millions en 2011, soit un tiers des dépenses de fonctionnement. Ceci a permis d’injecter 5,2 millions de nouveaux crédits en 2012, sans guère d’explications. L’exemple le plus caricatural est l’achat, sans aucun projet, de la Maison Fournier pour plus d’1,4 million d’euros. Bizarrement, cet investissement ne figure pas dans le projet édité par le Maire

Pour autant, les travaux annoncés sont le plus souvent exécutés avec grand retard. Ceci permet de reporter les crédits d’une année sur l’autre, afin de les engager au moment politiquement opportun. Surtout, la plupart des devis de travaux sont dépassés, pour ne pas dire explosés (rénovation rocambolesque de l’ancienne Mairie, dite Villa Sainte Christine) et les Verriérois sont priés de faire preuve d’une grande patience dans la livraison des équipements permis (on citera ici l’avenue Gabriel Peri, le gymnase Mermoz ou le nouveau cimetière). Choix délibérés ou failles d’organisation, à chacun de juger mais les résultats sont bien là : en 2012, moins de 11 millions ont été engagés sur 15,5 votés.

Enfin et surtout, l’impôt continue de progresser contre toute raison.

Qu’on en juge : depuis 2000 les ressources fiscales de la commune ont augmenté de 46% de plus qu’au sein des 10 communes voisines. Plus précisément, les taux de la taxe d’habitation (TH), demeurés stables depuis 2006 à Antony, Massy ou Châtenay, ont chez nous bondi de 20%. Dans la mesure où les bases fiscales progressent, sous l’effet d’aménagements comme le nouveau quartier des Justices, le produit de cette taxe galope lui aussi : sur la seule période 2009 à 2011, le différentiel avec les communes de la même catégorie est ainsi passé de +67% à +75%, ce qui n’est pas un simple détail. Quant au foncier bâti, ce n’est guère mieux, avec un poids de près de 40% supérieur.

La pression fiscale dépasse donc 700 euros par habitants et il aura fallu attendre le budget 2013 pour que la municipalité se décide à faire une pause dans la hausse des taux de la taxe d’habitation (TH), pendant, il est vrai, que ceux des taxes foncières continuait de progresser sous l’effet de la taxe consacrée aux ordures ménagères et de celle relevant de la CAHB.  Mais, en bonne logique, c’est à une baisse des taux qu’il aurait fallu procéder, puisque le rendement de la TH aura encore été supérieur de plus de 350 000 euros à ce qui était prévu en 2012 et sans doute de plus de 500 000 euros en 2013.

Ces errements expliquent en large part la note peu flatteuse de 7/20, que le journal Les Echos attribue à la gestion financière de notre commune, dans une publication récente.

Certes, M. Joly, pour sa défense, nous fait part des périls financiers que l’Etat, le Conseil général et la Région feraient courir à Verrières, critiques dont on peut penser qu’elles seraient moindres si les majorités politiques en question étaient les mêmes que la sienne : à preuve, on ne se souvient pas que la municipalité ait été très critique à l’époque de la réforme territoriale de 2010…

Quoi qu’il en soit il est vrai que, dans le  cadre des économies que la France doit réaliser pour faire face au mur de 600 milliards de dette accumulées entre 2007 et 2012, tout le monde devra faire des efforts, dont les collectivités locales, et il ne nous choque pas que les mécanismes de péréquation soient plus favorables aux communes pauvres : c’est aussi cela le civisme et la solidarité.

Nous nous engageons à ne pas relever la taxe d’habitation, malgré ce contexte exigeant, car nous sommes persuadés qu’une meilleure gestion est possible. En évitant les doublons, notamment avec la CAHB, en maîtrisant mieux nos marchés et nos travaux (car les délais à répétition coûtent cher au contribuable), en cessant les opérations somptuaires et les achats « coup de tête ». Le Maire cite le cout prévisionnel de la réforme des rythmes scolaires, soit 150 000 euros : à supposer que sa propre évaluation soit exacte, songeons que le seul achat de la Maison Fournier aura couté 10 fois (!) plus cher à la commune.

Pas plus en matière financière que dans d’autres secteurs, l’autosatisfaction ne peut tenir lieu de bilan et la poursuite des errements faire office de programme.

 

 Michel Yahiel

 

 

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Commentaires: 1
  • #1

    Marie-Cécile (mardi, 18 février 2014 12:40)

    Cher monsieur Michel Yahiel
    Je vous trouve bien tolérant avec monsieur le maire, longtemps adjoint aux finances. Depuis 2001, j'ai suivi, naïve, les promesses électorales de cette majorité, et j'ai lu leur prose dans le journal municipal. Je ne m'y suis jamais retrouvée. Leur gestion est opaque, surtout dans l'immobilier - procédure d'achat, de construction, d'appels d'offres, d'expropriation - et si l'opposition à plusieurs fois alertée la justice, celle-ci lui a souvent donné raison.
    Et si l'on parle de la construction de nouveaux équipements, ils ont pu être réalisés avec les subventions généreuses des conseils général et régional, et de différents organismes sociaux.
    Car c'est bien dans le domaine de l'immobilier qu'ont été consacrées l'essentiel des ressources financières. Ce n'est pas dans l'équipement des écoles ou infrastructures sportives ou culturelles.
    Cette propension que la majorité a de s'auto satisfaire, me fait penser à l'inauguration par deux fois d'un pont, l'une en aval et l'autre en amont.
    La vérité électorale vient toujours des finances, cette fois-ci cette majorité ne pourra en éviter l'écueil.
    Je vous remercie de laisser paraître les propos d'une verriéroise en colère.