Monsieur le Maire,
Chers collègues,
Rarement au sein de notre assemblée un vote n’aura été si important. En effet, c’est l’avenir de notre commune qui se joue ici. Autrement dit, l’occasion d’un débat de fond, dépassant les clivages politiques, centré sur l’intérêt général et qui pourrait, du moins qui devrait, être l’occasion d’approches commune, voire d’un consensus car au-delà de l’aspect géographique, c’est une partie de la dimension historique de notre commune qui se décide à travers ce vote.
Pourtant, le projet de délibération qui nous est proposé soulève à nos yeux au moins trois grands problèmes.
D’abord sur la méthode.
Vous avez certes organisé une réunion publique. Mais, outre le fait qu’elle ait semblé avoir pour objectif principal de démontrer que le sujet était complexe - et il l’est- il aurait fallu un effort bien plus soutenu de concertation pour associer pleinement les Verriérois. Que craignait-on en leur demandant leur avis, fut-ce à titre indicatif ? Nous l’avons fait, avec les faibles moyens dont nous disposons. Au demeurant, on ne peut pas dire non plus que notre conseil ait été largement informé, y compris des orientations arrêtées au sein de la CAHB le 19 septembre dernier, auxquelles vous avez souscrit sans en rendre compte aux habitants.
Ensuite, l’essentiel de votre analyse part du principe que ce qui est bon pour la CAHB serait bon pour Verrières. Or, à nos yeux, le bilan de l’intercommunalité pour notre commune n’inspire guère confiance pour l’avenir. Nous y sommes entrés pour tourner le dos à Massy et Palaiseau, mais, hormis cette motivation négative, qu’y avons-nous gagné? Bien peu.
La délibération évoque certes l’esprit communautaire et les liens tissés avec la CAHB. Pourtant, en dehors du projet, encore à venir, du Colombier, qui peut citer ici de grandes réalisations ou des investissements majeurs au regard de ce qui s’est fait au sein de notre intercommunalité.
La culture et les théâtres aux Gémeaux à Sceaux, Firmin Gémier – La Piscine à Antony et Châtenay-Malabry, les Coteaux au Plessis-Robinson, le centre culturel Saint Exupéry à Wissous, l'enseignement de la musique, de la danse et des arts plastiques, avec les conservatoires Darius-Milhaud d'Antony, de Bourg-la-Reine et Sceaux, de Châtenay-Malabry et enfin de Wissous;
Pour le sport, les piscines déclarées d'intérêt communautaire : la piscine des Blagis à Sceaux, la piscine des Iris et Lionel Terray à Antony, la piscine du Hameau au Plessis-Robinson.
Enfin et surtout, votre choix pour le « Grand Paris », qui pourrait tout à fait se plaider, nous semble reposer sur un raisonnement biaisé.
Passons sur cette soudaine passion qui contraste violemment avec les critiques permanentes de la majorité municipale envers Paris Métropole. Du moins faites-vous preuve d’une grande capacité d’adaptation.
Ce nouvel attrait semble surtout se nourrir d’un rejet de votre part pour ce que nous appellerons un schéma "essonnien", où Verrières serait soit disant diluée. Peut-on expliquer en quoi notre commune, petit poucet à la pointe Sud du Grand Paris, y pèserait davantage, sachant qu’elle adhérerait alors à deux entités en cascade : le territoire constitué avec Sud de Seine, puis la métropole parisienne. Pour réduire le mille-feuilles, tant décrié par votre famille politique depuis tant d’années, ce n’est donc pas la voie la plus rapide
On nous explique par ailleurs que le secteur du Plateau de Saclay doit entrer aussi dans la métropole. Après avoir affirmé que le projet du préfet était frappé de gigantisme, on le diluerait dans un ensemble plus vaste encore, comprenne qui pourra…
La politique de conservation du « village » verriérois, qui vous est chère, au cœur de l’île de France ne serait-elle pas d’évidence plus menacée dans un espace dominé par les Hauts-de-Seine et Paris, plus que le Plateau de Saclay et la Vallée de Chevreuse, dont la densité urbaine n’a rien à voir ?
Notre territoire est riche de sa diversité et de son histoire. Sa proximité avec Paris en fait un atout économique, ses liens avec la ruralité son charme. Ajoutés à ces éléments, l’aéroport d’Orly, son accessibilité simple et rapide par les autoroutes qui bordent notre commune, la gare TGV de Massy et les futurs bassins d’emploi liées au projet de développement de Paris-Saclay et pour finir l’arrivée prochaine du métro…
Pourtant vous avez fait preuve d’un conservatisme qui ne nous surprend plus en déclarant que, si cela ne tenait qu’à vous, les choses resteraient telles qu’elle. L’économie de notre commune stagne, son centre-ville n’est plus attractif, les prix de l’immobilier baisse fortement, la couverture numérique se fait attendre, aucun investissement municipal d’ampleur n’est prévu, malgré l’augmentation continue de la fiscalité… Face à ce constat nous regrettons donc cette posture d’inertie. N’ayons pas peur de l’avenir alors que la région francilienne est une des plus dynamique au monde, ensemble traçons des perspectives positives pour notre ville.
Enfin, si l’on envisage l’alternative sous l’angle financier les chiffres sont aussi éclairants. D’un côté, le regroupement des communautés d’agglomération des Hauts de Bièvre et de Sud Seine, représenterait un niveau d’endettement de 301 € par habitant et une capacité de remboursement de la dette de 5 années. De l’autre, le regroupement des intercommunalités Essonniennes (Europe Essonne + Plateau de Saclay), fait apparaître un endettement par habitant faible (97€) et une capacité à rembourser rapidement la dette (2,2 ans)
Pour toutes ces raisons, votre argumentation ne nous convainc donc pas.
Aujourd’hui, après avoir consulté les verriérois, organisé trois réunions publiques sur ce sujet et l’avoir mis au cœur de notre campagne municipale, nous pouvons dire qu’aucun argument de fond ne plaide pour un choix "parisien" plus intéressant qu'un scénario «essonnien ».
De fait, sur la base des quasiment 200 réponses qu’a suscitées notre consultation, les ¾ des habitants, tout en regrettant de n’être pas assez informés, concluent dans le même sens.
Certes, le projet intercommunal actuel, proposé par le préfet de région à 800 000 habitants, est trop vaste et trop complexe. Tout indique d’ailleurs qu’il est appelé à évoluer ce qui est l’occasion de rappeler que le vote de ce soir ne sera peut-être pas le dernier sur ce dossier. Il est fort probable que nous nous prononcions à nouveau, une fois la loi votée et les périmètres tranchés.
A ce stade et compte tenu de l’ensemble de ces arguments, nous voterons donc contre l’adhésion en l’état à la Métropole Grand Paris et le schéma régional de coopération intercommunale du Préfet.
Par ailleurs nous appelons de nos vœux un travail avec les communes voisines pour que la fusion de la CAPS et d’Europ’Essonne permette de proposer un choix rationnel aux Verriérois, ancré dans le territoire, tourné vers l’avenir et notamment le grand projet du plateau de Saclay, avec une taille critique suffisante mais à l’abri de tout gigantisme.
Enfin, et compte tenu de l’importance du vote de cette délibération, nous demandons qu’il ait lieu à bulletin secret, en espérant qu’un tiers
des conseillers municipaux se retrouve autour de cette exigence démocratique pour la rendre possible.
Merci.
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jeanine (lundi, 01 décembre 2014 12:30)
Quel effet pour notre vie de tous les jours ? Quel est le résultat du vote ?
Merci.
Jeanine
Aurelia Chauveaud (mardi, 02 décembre 2014 22:37)
Le vote à bulletin secret à été refusé. Le CM à donc voté pour l adhésion au Grand Paris avec uniquement les voix de l opposition contre. Quel enthousiasme de la part des élus de la majorité pour le GP ! Finalement ce n était pas si complexe de se décider...
Georges (jeudi, 04 décembre 2014 12:14)
Qu'est-ce qui est étonnant dans le vote de la majorité ? Il faut en chercher les raisons objectives...
-Ce ne sont pas les explications en direction de la citoyenneté verriéroise ou de la majorité du conseil municipal qui serait bien en mal de répondre techniquement à ce dossier,
- ce n'est pas l'intérêt des verriérois puisqu'aucun projet d'envergure (piscine, stade...) n'accompagne ou ne conditionne ce vote,
- ce n'est pas non plus, une alliance ou un regroupement politique, avec le résultat des dernières élections municipales (Massy ou Palaiseau) ce n'est plus une raison ou une circonstance posée.
Reste l'évolution des postes électifs, avec une carte électorale qui oblige certains acteurs ou actrices à détourner les yeux de l'Essonne pour un champ électoral plus vaste.
En conclusion, il y a bien une ambition dans ce vote, mais pas là ou l'on croit quelle se situe.
Rien n'est définitif, on peut oser y croire.
Bon courage