Depuis quelques années, la question de la sécurité s’invite régulièrement dans le débat public tant au niveau national que local.
Cependant, les avancées technologiques ont donné lieu à l’apparition de nouvelles pratiques, notamment la vidéo-surveillance. Par la présence des caméras, les élus souhaitent donner une dimension visible à leur action « sécuritaire » et capitalisent sur un effet dissuasif des comportements complétant la présence répressive des forces de l’ordre.
Toutefois, au-delà de leur efficacité contestable, ces caméras sont l’illustration, non pas seulement des délits, mais d’une forme d’aveu d’impuissance publique. Ces « solutions » mettent en exergue le choix assumé de la fin du dialogue entre le premier magistrat de la ville et une partie de ses administrés. Par la vidéo-surveillance, la présence sur l’espace public devient suspecte et le citoyen est réduit au statut de potentiel contrevenant.
La médiation est communément associée aux politiques de prévention et de tranquillité publique, toutefois elle a une résonnance bien plus large. À la lumière de ma visite du service de médiation créé par la ville de Pantin en 2010, de mon entretien avec le service municipal à sa charge, et de la première « ronde » que j’ai effectuée auprès d’une équipe de médiateurs, j’ai pu constater tous les avantages d’un tel dispositif.
Présents trois soirs par semaine, les médiateurs quadrillent la ville et sont ainsi vus et reconnus des habitants. Leur rôle d’accompagnement basé sur la prévention, le conseil et l’écoute facilite les échanges avec la population. La présence régulière des médiateurs rend possible la création d’un véritable lien de confiance avec les habitant-e-s.
S’inscrivant dans un cadre social, leur rôle dépasse très largement les enjeux de tranquillité politique (ou de « sécurité » plus vendeur électoralement sans vouloir coller d’étiquettes) en apportant un véritable soutien aux personnes en situation d’urgence ou de difficultés.
Les médiateurs sont présents sur l’espace public à des heures où les services publics locaux sociaux ne le sont plus. Des conflits de voisinage ou relatifs aux nuisances sonores ne peuvent-ils pas être réglés dans la bonne intelligence par le dialogue ? Quel(s) message(s) envoie une collectivité qui n’appelle pas d’abord à l’échange pour résoudre de telles problématiques ? Réfutant tout fatalisme, n’est-il pas possible d’agir en amont des comportements ?
Des problèmes différents n’appelant pas aux solutions de même envergure, la majorité de Verrières-le-Buisson pourrait toutefois faire le choix, sur la base du volontariat, de donner à deux agents de la ville le statut de médiateurs. À rebours, s’enfonçant à droite dans les abymes du positionnement sécuritaire, le maire a fait le choix de solutions agressives:
- La destruction de l’espace public (notamment au niveau du Colombier);
- Le projet d’instauration de caméras enregistreuses aux entrées de la ville.
Les solutions de facilité et d’affichage demandent toujours moins de réflexion que les solutions alternatives.
Sabrine SASSI
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